illustration Vive la coopération

Vive la coopération !

Dès le départ de l’aventure, en 1982, nous avons fait le choix d’être une SCOP (Société Coopérative et Participative). Ce statut est impliquant et déterminant pour le fonctionnement de l’entreprise puisqu’il permet aux salariés d’en être co-propriétaires. 

L'enracinement coopératif

Dans une Scop, les salariés sont les associés majoritaires et le pouvoir est exercé démocratiquement. Les salariées détiennent au minimum 51 % du capital social et 65 % des droits de vote, et sont donc co-propriétaires de leur entreprise. Ils ont ainsi la maîtrise de leur outil de travail.

Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à le devenir. Chaque salarié associé dispose d’une voix en Assemblée Générale, quel que soit son ancienneté et le montant du capital investi. Les informations liées à la vie de l’entreprise circulent en toute transparence et les décisions stratégiques sont l’expression du plus grand nombre. Dans une Scop, il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise mais chez nous ils sont plusieurs, il s’agit d’une direction collégiale. Ils sont élus et révocables par les salariés associés.

Les SCOP ne sont, par essence, ni rachetées, ni délocalisées, ce qui représente un atout majeur pour les territoires. Les parts sociales ont une valeur fixe empêchant les investisseurs intéressés par la plus-value de s’engager financièrement dans nos entreprises. Il y a donc d’autres sources de motivations. Le fait de ne pas avoir de plus-value permet d’œuvrer avant tout pour la rémunération du travail, pour un projet global et non pour la valorisation du capital, ce qui permet de ne pas s’inscrire dans le champ de l’économie spéculative.

Les 7 principes essentiels d'une coopérative

•    L’engagement volontaire et ouvert à tous traduit la valeur de liberté.
•    Le pouvoir démocratique exercé par les membres incarne les valeurs de l’égalité.
•    La participation à l’activité économique illustre la notion de double qualité – les coopérateurs sont les acteurs économiques.
•    L’autonomie (de gestion) et l’indépendance (politique) sont de mise.
•    L’éducation, la formation et l’information, soulignent le cadre émancipateur de la coopérative et la finalité de l’économie.
•    L’inter-coopération traduit la volonté de développer les relations entre coopératives.
•    L’engagement envers la communauté garantit que les coopératives servent l’intérêt général de la communauté humaine au-delà du service à leurs propres membres. Il traduit la valeur de fraternité.


* Ces principes ont été énoncés depuis 1895 par l’Alliance coopérative internationale (ACI). Pour aller plus loin lire La république coopérative (J.-F. Draperi, Louvain-la-Neuve : éditions Larcier, 2012). 

Remettre l'économie au service de l'humain

A la fin de chaque année, si un bénéfice est réalisé, son partage est équitable : chez Ardelaine, 45% pour tous les salariés, sous forme de participation ; 45% pour les réserves impartageables, qui contribuent tout au long du développement de l’entreprise à consolider les fonds propres et à assurer sa pérennité ; enfin les 10% restants pour tous les associés sous forme de rémunération des parts sociales.

Dans une SCOP, l’échelle de salaires est en générale moins étendue que dans les autres formes d’entreprises. Chez Ardelaine, cette échelle de valeur est de 1,2. Cette façon de ne pas faire de différence entre des personnes, des métiers et des postes par le salaire permet de valoriser la complémentarité et de favoriser la polyvalence, deux piliers de la coopération.

Nous tenons à partager les richesses équitablement, loin du modèle du « ruissellement » prôné par une société qui s’enfonce toujours un peu plus dans un capitalisme forcené. De l’achat des laines que l’on ne soumet ni aux fluctuations du marché, ni à la spéculation, mais que l’on maintient stable et juste depuis plus de 40 ans, au partage de nos bénéfices privilégiant la rétribution du travail à celle des capitaux, en passant par une échelle de salaire minime : nous affirmons notre volonté de remettre l’économie au service de l’humain, et non l’inverse.

La coopération : une façon de transformer le monde.

C’est tout cela qui fait la force du modèle coopératif, représentant une réelle alternative mettant l’économie au service de la société et non l’inverse comme c’est majoritairement le cas. C’est tout le propos du champ plus vaste dans lequel s’inscrivent les Scop, celui de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). 

L’ESS est, par définition, une économie qui limite les dérèglements. Les acteurs de l’ESS vont investir dans des projets durables à moyen et long terme, à l’inverse de ceux de l’économie financiarisée actuelle qui vont eux se focaliser sur les profits à court terme. Dans le même temps, l’ESS permet de renforcer la démocratie au sein du monde du travail, comme nous l’expérimentons chaque jour au sein d’Ardelaine.

La démocratie est exigeante et pour qu’elle fonctionne, il ne faut pas seulement instaurer le principe égalitaire de « 1 personne, 1 voix » (fondamental mais non suffisant). Il faut également travailler le terreau culturel : être à l’écoute, prendre sa part de responsabilité, s’évaluer, rendre des comptes, produire et rendre accessible une information riche et transparente. Cette exigence demande du temps mais permet réellement de faire société. 

La démocratie ne se décrète pas, elle se vit et c’est un enjeu majeur que de la faire vivre et de la réinventer pour les années à venir. Elle ne devrait pas se cantonner à la sphère publique mais aussi intégrer le cœur des entreprises : pour cela, les SCOP sont depuis longtemps des laboratoires d’expérimentation et ont largement fait leurs preuves.
L’ESS est transpartisane et créatrice de consensus. Elle est dédiée au bien commun, garante de plus de justice sociale et d’équité. La coopération est essentielle pour renouveler le faire et le vivre ensemble. Discuter, délibérer et agir collectivement pour aller vers un nouveau contrat social, économique et bien sûr écologique.

Au quotidien, nos différents ateliers et secteurs sont autonomes dans leur organisation, tout en veillant bien entendu à être reliés efficacement les uns aux autres. De nombreux moments collectifs permettent à la fois d’avancer sur des chantiers importants et, de fait, de faire vivre la coopération. Nos pratiques participatives sont ancrées dans une histoire forte tout en étant régulièrement questionnées et revisitées par l’équipe.

En 2023 nous avons travaillé tous ensemble sur notre projet social : qu’est-ce que nous voulons faire vivre dans et à travers Ardelaine ? Une nécessaire remise à plat pour garder le cap, renforcer nos liens et accueillir de nouvelles personnes dans cette histoire passionnante. Ce que vous lisez aujourd’hui est issu du fruit de nos réflexions !

L’équipe actuelle d’Ardelaine regroupe des jeunes et des moins jeunes, ceux qui savent faire ceci ou cela, ceux qui étaient là avant et ceux qui viennent d’arriver, ceux qui travaillent à St Pierreville et ceux qui travaillent à Valence ou à Charlieu… Au total nous sommes 60 salariés, pour 49 etp (équivalent temps plein). Ardelaine voit depuis quelques années le départ des plus anciens, mais comme elle n’a jamais cessé d’accueillir de nouveaux talents, la relève est là, associant compétences et solidarité.

Ardelaine, c’est groupe humain riche de ses diversités d’approches, qui s’est réinventé tout au long de son histoire, un collectif qui évolue en fonction du monde dans lequel nous sommes, tout en restant ancré dans des engagements forts. Un pari de chaque instant que de faire fonctionner près de 60 personnes ensemble, dans un même projet social, écologique, solidaire. Vous l’aurez compris en lisant ces lignes, la coopération, c’est une valeur, un ancrage, qui sous-tend nos actions et nos choix, pas seulement une énième méthode de management. C’est sûrement le maître-mot, celui qui fait notre force, celui qui rouvre les possibles. Celui qui fait tomber les frontières, celui qui nous relie au monde vivant et les uns aux autres.

Plusieurs fois par an, l’équipe d’Ardelaine se retrouve pour mener des actions importantes qui nécessitent beaucoup de temps…ou de nombreux bras ! C’est une superbe occasion de se retrouver autour d’autres activités, de croiser les équipes, partager un repas et de souder les secteurs entre eux ! Un moment d’échanges et de solidarité qui participe aussi à la cohésion des salariés dans leur ensemble.